Historique
FONDEMENTS DU ROYAUME DU NIANI
Le Sénégal célèbre ce 04 Avril 2021, la 61e anniversaire de son accession à la souveraineté internationale. Mais on oublie souvent que dans le Sénégal, devenu indépendant, il y avait un royaume qui ne fut jamais conquis, ni par les Français, encore moins par les Anglais : le NIANI. Ce Royaume a été fondé vers la fin du 15ème siècle par des Camara, vaillants guerriers à l'époque du Royaume Mandé de Soudianta Kéita. Étant donné que les règles de succession ne leur permettaient pas d'y régner, ils décident de migrer, partant de la ville de Siby au Mali, pour chercher une terre promise où ils pourraient régner. Leurs fétiches leur indiquent l'Ouest dans un endroit où il y a une grande termitière. Mais n'ayant pas de boussole, ils ont été désorientés, ils passent d'abord par le Guinée au Sud, puis Sédhiou, et remontent en Gambie à Kataaba puis entrent dans l'actuel espace du Sénégal à Khoungheul, puis Khoungheul Socé. Cette pérégrination et cette recherche de la terre promise dura plusieurs siècles mais c'est vers la fin du 16ème siècle qu'ils découvrent Ndiambour à la suite d'une partie de chasse Ndiambour qui fut la première capitale du Niani où régnèrent 44 rois. Le 45ème est le Roi Kimingtang qui installa sa capitale à Ndoungoussine. Il organisa son royaume pour en faire une forteresse. Le roi Kimintang n'était pas un expansionniste, il n'utilisait pas sa force pour attaquer les autres royaumes ou faire des conquêtes de nouvelles terres.Mais il savait se défendre, ainsi toutes les tentatives de colonisation de ces terres ont échoué. Cela a été le cas le 23 Juin 1865, les guerriers de Mansa Kimintang Camara, Roi du NIANI, ont repoussé une avancée des troupes coloniales anglaises au-delà du fleuve Gambie à la frontière Sud de son royaume. Ces anglais une fois sur ce vaste territoire entre Makacolibanta et le fleuve Gambie, ont voulu pénétrer dans le royaume, c'est alors que le Roi Mansa Kimintang, grâce à ses redoutables guerriers, disposant d'armes mystiques dont des abeilles, les repoussa jusqu'aux limites du fleuve. Dans leur fuite ces anglais ont laissé des armes lourdes comme des canons qui sont actuellement exposés à l'ile de Gorée. Ils se replièrent à Makati, se croyant à l'abri de leur ennemi, baissèrent leur garde, car ils ne voyaient pas comment ce roi et ses troupes, qui n'avaient pas de pirogues, pouvaient traverser le fleuve. Mais arrivé au bord du fleuve et constatant que les anglais avaient encore des velléités de revenir à l'assaut, avoir pris des forces, il fit appel à une autre armée mystique constituée de crocodiles pour traverser le fleuve, chaque guerrier enfourchant un animal mis à sa disposition par la magie d'un sifflet du Roi. Ainsi ce dernier et ses troupes ont défait les troupes anglaises, sous l'effet de la surprise, se dispersèrent sans jamais retrouver un commandement pour les remobiliser. Cette bataille de Macati (MacArthur ou Georgetown pour les Anglais) et la débandade qui s'en est suivie, à donner à la ville, le nom mandingue de " Diandianbouré « (la dispersion des troupes). C'était encore une autre défaite, très humiliante pour les troupes anglaises et leurs alliés locaux (une très forte coalition). Une fois sur le territoire gambien, le Roi n'avait pas cherché à poursuivre les anglais qui étaient très affaiblis après cette bataille, il s'était contenté de marquer son territoire en laissant cette partie à un de ses alliés, juste pour réclamer l'impôt, puis il retourna dans son fief.
A l'instar des colons, les rois contemporains des territoires mitoyens comme Lat Dior n'ont pas jamais pu pénétrer dans ce Royaume qui à l'époque était composé de 7 provinces dont Khoungheul Socé à la frontière Est. C'est à cet endroit que Lat Dior envoyé par Maaba Diakou, avait venu entrer, pour réclamer l'impôt. Arrivé à la frontière du Royaume, il y avait campé, et envoyé son homme de confiance, Birane Cissé et un de ses griots pour porter l'information. Une fois informé, le Roi remis à l'envoyé spécial deux calebasses et demande à Lat-Dior de choisir: une remplie de coton symbolisant la paix, et une autre remplie de poudre de fusil pour la guerre.
A leur retour pour annoncer à Lat Dior la réponse du Roi du Niani entonna la chanson NIANI Bagne nah considérant cela comme un affront, avait décidé d'attaquer le royaume en brulant tous les villages du Niani mal lui en prît, car il fut chassé par une armée d'abeilles dans une débandade indescriptible.
Malgré son statut de royaume insoumis, le Niani était une terre d'accueil pour toutes les personnes qui demandaient à s'y installer soit pour des raisons économiques, soit pour fuir une persécution. C'est devenu ainsi un terroir multi ethnique qui a accueilli des wolof (les familles Ndao à l'Est à Khoungheul, les Ndiaye au Nord vers Payar) les Hal pular musulmans venus du Nord (les familles Ba, Kane) qui ont été installés dans la partie Sud à Makacolibantang, les peuls (Sabaly) dont certains venaient du Fouladou au Sud du Sénégal qui ont occupé la partie centrale, les bambaras du Mali et bien d'autres minorités ethniques comme les maures et les koniadji. C'était un royaume où à l'époque l'animisme dominait chez les autochtones (thiédo) mais ces derniers ont pacifiquement cohabité avec les autres religions sous la protection du Roi qui leur laissait une liberté d'agir sans leur imposer quelques règles que ce soit. Cette multitude ethnique a générée une diversité culturelle riche qui mérite d'être connue. En plus ce royaume a quelques curiosités de la nature comme des mégalithes dans au moins trois sites du royaume.
Le Roi Kimingtang a été déclaré mort en 1895, il a disparu selon une de ses épouses à qui on donnait les attributs de génie ou « Djinn » et personne n'a retrouvé son corps. Il aura vécu 97 ans. Après sa mort le royaume s'effondra facilitant la pénétration de façon pacifique des colons dans ces terroirs, matérialisée par un traité d'accord avec le Roi de l'époque Mansa Silly, les colons ayant installé des entités administratives appelés cantons vers les années 1917 désignèrent et un de ses petits-fils portant son nom Kimingtang pour administrer la localité.
C'est pour valoriser tout ce potentiel historique, culturel et économique que les petits fils de ce grand roi ont décidé de se retrouver pour mette en place une association appelée Association des Ressortissants, Amis et Résidants du Niani (ARAR NIANI). Cette association (récépissé N°20078 / MINT/DGAT/ DLPL/DAPA), qui regroupe actuellement 17 sections villageoises, 5 citadines et une diaspora, poursuit les objectifs ci-après : i) de Valoriser l'histoire du Niani et surtout celle de Mansa Kimingtang Camara, 2) contribuer au développement socioéconomique des terroirs du Niani iii) et développer un partenariat fort à tous les niveaux.
Ainsi dans le cadre du plan stratégique qui a été élaboré nous envisageons :
- d'organiser à court termes avec le Département d'Histoire de l'Université Cheikh Anta Diop et des chercheurs de la sous-région africaine, un colloque international sur le Niani et sa place dans le cadre de la résistance à la colonisation.
- de mener un plaidoyer pour amener les décideurs à impliquer davantage les localités de ces terroirs dans les programmes de développement socioéconomique du gouvernement.
- Contribuer à développer des actions de solidarité et de renforcement de capacités des populations afin de limiter l'émigration et autonomiser les femmes.